Ciné Mâle

 

Alissa traverse la rue Arago et longe le Grand Boulevard. Il est déjà vingt heure trente et la nuit commence à tomber. Elle s'arrête devant Le Comoedia et regarde hâtivement les affiches de la semaine. Instinctivement, elle s'approche du guichet et demande une place pour la trois. Elle descend les quelques marches qui donnent accès à une petite salle à l'ambiance calme et feutrée et s'installe au premier rang. La salle est vide, Alissa soupire, elle est déjà venue tant de fois dans ce cinéma de quartier, elle a déjà regardé tant de films sans grand intérêt, aux histoires tellement analogues qu'il lui semble voir et revoir toujours les mêmes images s'animer au centre de l'écran.

 Pourtant elle garde en elle, le souvenir d'une de ses tragédies romantiques qu'elle n'a jamais revue depuis plusieurs années mais qui lui a laissé au fond du cœur un sentiment de nostalgie. Perdue dans ses pensées, elle ne perçoit pas que les lumières viennent de s'éteindre et c'est la musique du générique qui la fait sursauter. Irréstiblement, une angoisse l'envahit, sa gorge se serre, ses mains tremblent. Ce film elle ne le connaît pas encore, pourtant elle sait déjà qu'il a quelque chose de différent…

 

Tout droit sorti d'un roman de Seingalt, le héros fait son entré, il semble indéniablement la fixer. Il est âgé d'une trentaine d'années, vêtu d'un pantalon de toile noire et d'une chemise blanche, son visage long et hautain lui donne un air sévère et mystérieux. Ses yeux sombres pétillent de désir et de perspicacité, sa voix grave et assurée  pénètre comme un écho les arcanes de son âme. Alissa reste tétanisée, totalement absorbée par la scène qui se  déroule devant elle.

 L'homme se nomme Terry, il est écrivain, les mots se pressent  sous sa plume comme ils fusent de ses lèvres : envoûtant,  fascinant,  énigmatique. Il tend la main vers elle, elle s'approche, absorbée par son charisme, sa présence presque magnétique. Il la regarde franchement, avec un plaisir non feint : Elle a de longs cheveux bruns ondulés flottant sur ses épaules, de profonds yeux verts relevant les reflets de sa chevelure et soulignant les traits réguliers de son visage. La lumière du projecteur intensifie son regard songeur ... Ses lèvres roses pâles révèlent une apparente fragilité. Elle porte un jean sombre et un tee-shirt blanc qui laisse transparaitre la forme de ses seins. Alissa ne résiste pas à ce regard qui l'invite à défier les convenances, à dépasser les interdits, à se laisser guider. Terry sourit, convaincus de son emprise, il aime à cultiver les contrastes, tour à tour tendre ou dominateur, patient ou  impétueux, affidé ou secret, il l'attire doucement à lui.  Alissa  se laisse envouter, elle ferme les yeux. Ses doigts lui effleurent le visage, d'abord le front, puis les paupières. Ils descendent le long de ses joues, dessinent le contour de ses lèvres, frôle doucement son menton, son cou... Elle sent le rythme de son souffle à son oreille, il lui murmure qu'il tient à elle, qu'il croit en elle ... Sa bouche frôle sa peau,  remonte  peu à peu jusqu'à ses lèvres, s'entrouvre. Leurs langues s'enroulent dans un long baiser, se mélangent, s'entrecroisent. Leurs salivent se mêlent. L'émoi qui monte en elle la trouble irrésistiblement. Terry la sert contre lui, glisse ses mains sous son tee-shirt, libère ses seins tendus, les caresse, les pince entre le pouce et l'index.

 

Lentement il entame une longue succion qui les fait se tendre encore d'avantage, tandis que ses mains se posent sur ses cuisses et  remonte vers son sexe.

 Alissa sent son souffle s'accélérer, sa verge enfler à travers son pantalon. Toute cette  fougue, toute cette ardeur l'effraie. Elle tremble, comme un animal prise au piège. Qu'a t'elle voulu prouver en se donnant à lui ?  Elle continue à se laisser faire, elle sent une main qui parcourt ses fesses, qui l'invite à écarter les jambes, un  index qui pénètre son intimité humide. Elle accepte tout, muette, soumise, mais elle sent les larmes couler. Son cœur se met à battre  très vite. Des milliers de "pourquoi" se bousculent  dans sa tête, elle a peur, elle tremble, elle pleure, elle voudrait hurler  mais aucun son ne sort de sa bouche. C'est elle qui est venue à lui,  elle qui a accepté ses caresses, elle qui s'est offerte, c'est elle la seule coupable... A cet instant elle voudrait se sentir protégée, aimée, redevenir une petite fille, mais rien de tout cela n'est possible. Elle n'est qu'une femme dans les bras d'un inconnu.

 

 Terry, lèche les petites gouttes d'eau salées qui perlent le long de ses  joues, comme pour mieux les ignorer. Transportés par les spasmes du plaisir, en proie à une incroyable érection,  il déboutonne son pantalon d'une mains experte et presse sa verge durcie entre ses doigts jusqu'à se qu'une vague de plaisir le submerge. Alissa baisse les yeux, Terry ne semble pas lui porter attention, quand soudain le silence envahit la salle et d'innombrables points blancs recouvrent l'écran. Le film vient de se couper. Terry a brutalement disparu. Le visage pleins de larmes et la tête pleine d'interrogations, Alissa reste immobile, recroquevillée au fond son fauteuil.



08/11/2009
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