La malédiction

 

La nuit avait envahi le paysage et la lune venait d'apparaître dans le ciel éclairant d'une lueur bleutée la sombre forêt où sa silhouette se déplaçait sans bruit. On aurait dit que le temps s'était figé. Les étoiles ne brillaient pas cachées par de gros nuages noirs que poussait un vent glacé. Il y eu des craquements de branches et des feuilles mortes se mirent à tomber. Une chouette s'envola d'un arbre mort et passa au dessus de sa tête en lançant un cri strident. Un lapin se terra dans le fossé effrayé par les bruits de pas qui se rapprochaient. Il ne regardait ni le givre pailleté se déposer sur les fougères , ni la cime des grands arbres se courbait sous les bourrasques. Ils ne lui étaient d'aucun apaisement, seule la lune semblait lui apporter quelques réconforts . Il marchait, seul. Afin d'éviter de faire d'éventuelles victimes, il avait tenté de se rassasier en tuant un jeune chevreuil égaré, mais le désir de sang humain le rongeait de nouveau, il lui était décidément indispensable. Il savait qu'il devrait bientôt à contrecœur se mettre en chasse, mais il remit cela à plus tard. Ce qui l'attirait actuellement prés du vieux manoir ce n'était pas la faim. Il scruta les ombres qui erraient autour de lui et d'un mouvement de tête, fit retomber son capuchon sur ses épaules. A cette heure la veille demeure semblait abandonnée, pourtant il réussit à distinguait la lueur d'une bougie qui dansait contre la vitre de sa fenêtre. Elle ne dormait pas encore. Il l'imaginait songeuse, allongée dans des draps de coton blanc fraîchement lavés, un roman à la main

 

Il se rappelait … C'était une nuit d'été, elle avait suivi les couloirs et les escaliers du vieux manoir à pas de loup pour ne pas attirer l'attention, puis elle s'était glissée dehors. Tandis qu'elle courrait sur le chemin qui le menait à lui, ses longs cheveux bruns se balançaient au rythme du vent et ses yeux verts étincelaient dans la nuit. Elle semblait si légère que ses pieds nus glissaient silencieusement sur le sentier sans qu'aucune brindille, ne serait-ce la plus fine, ne crissa. Elle ne portait qu'une courte chemise de nuit en soie bleu claire, mais elle n'avait pas froid, un intense sentiment de liberté l'avait envahie. Elle s'était arrêtée face à lui et elle lui avait souris, sa chevelure brillait sous les reflets de la lune, de larges boucles tombait le long de sa nuque, son regard d'émeraude semblait empli de douceur, tout son être l'attirait irrémédiablement. Il s'était rapproché d'elle, avait retiré son long manteau de toile et l'avait déposé tendrement sur ses épaulesSes mains avaient frôlées l'espace d'une minute sa peau presque nue et il avait ressentit un désir brûlant de parcourir son corps. Fermant les yeux, elle avait serrée contre elle l'étoffe noire pour mieux s'enivrer de son odeur, puis avait basculé la tête en arrière comme pour se fondre parmi les étoiles.

Profitant de cet instant, il avait posé ses lèvres dans le creux de son cou, là où la peau est si fine et si sensible et il l' avait parcourue en la caressant de son souffle. Il avait sentit les frémissements et les frissons de sa peau sous ses effleurements. Surprise des sensations nouvelles qu'elle venait de ressentir , elle l'avait regardait avec une certaine appréhension, mi-effrayée mi-captivée. Craignant qu'elle ne s'envole, il avait déposé sur sa bouche un long baiser et tendrement il l'avait enveloppé de ses bras. Le silence était doux et leurs deux corps enlacés semblait unis à l'infini. Ils en avait presque oublié que le temps jamais ne s'arrêtait.



 

 Soudain une légère lueur les ramena peu à peu à la réalité, elle devait très vite regagner le logis. Il avait déposé sur sa joue un tendre baiser d'amour qui résonnait comme une douce promesse. Elle l'avait quitté la tête emplie de rêves….

Perdu dans ses pensées, il jeta un dernier coup d'œil à la fenêtre qui maintenant ne brillait plus. N'était t'il point toujours le même ? Au fond de lui il savait bien que non, mais un jour, un jour peut être... Détournant la tête, il rabattit son capuchon, masquant une larme qui brillait au bords de ses yeux noirs, couleur de la nuit et reprit le chemin de la forêt.




02/03/2008
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